Lundi 15 juin 2020. Mon avocat et moi, nous nous sommes donnés rendez-vous à 8h au commissariat de Boulogne-Billancourt. J’avais décliné sa proposition de me rejoindre dès dimanche soir pour ce faire, nous étions tous si fatigués, choqués… nous voulions simplement être tous les trois, ensemble…je revois Nils me dire, en ouvrant la porte de notre immeuble, vers 21h40 dimanche: « maman, je vis un cauchemar éveillé ». je lui ai répondu, « mon fils, tu vas vivre également des cauchemars quand tu dormiras ». Je crois que je n’ai alors pas eu le courage de rajouter « et ce sera normal »…car alors, quel sens donner au mot « normal »?!
La première déposition, sous forme « mes fils ont déclaré que »…j’avais l’impression que moi, agent inspecteur de L’État, je rédigeais mon propre rapport de type « le professionnel déclare que…les travaux sont prévus…il a signé un devis le…les non-conformités sont en cours de résolution… »
Mais non, un policier rédigeait à ma place cette fois-ci. Mon avocat à mes côtés, moi pleurant à intervalles réguliers. De colère, de rage, de tristesse, pour n’avoir pas compris ce qui se jouait, que le bonhomme nous avait attiré chez lui depuis le mois de janvier 2020, à coup de messages aguicheurs sur Messenger nous proposant de venir à lui!
Moi d’expliquer au policier « mon fils cadet a déclaré avoir senti un liquide chaud sur son bras gauche au début du viol », j’interroge mon avocat à qui je confiais que j’avais retiré le dimanche soir 14 juin en rentrant de cet enfer, du bout des doigts, ce fameux T-shirt que Liam avait porté tout le week-end, y compris la nuit de son viol:
» Faut-il que je le confie à la police pour analyse? pensez-vous que ce sperme reçu sur le bras de Liam puisse avoir atterri sur le corps du T-shirt?
J’avouais mon incompétence en éjaculats humains! N’étant pas hétérosexuelle, je n’imaginais pas la longueur d’un trajet des fluides d’un pervers, qui se branlerait à quelques centimètres de mon fils parce qu’un adolescent de 13 ans l’excitait!
Et mon avocat de répondre: « oui, il faut transmettre ce T-Shirt, il est tout à fait possible que du sperme ait été projeté sur le T-shirt de Liam « . Ce fut chose faite à l’issue de l’audition de mes fils, qui a eu lieu 8 bons jours plus tard par la brigade spécialisée des mineurs de Boulogne-Billancourt.
Cette audition, nous l’aurions voulue dans la foulée, au lieu de cela, les policiers m’expliquaient que notre dossier était certes prioritaire, mais qu’à la sortie du déconfinement, hé bien, il y avait également de nombreuses urgences parmi lesquelles des agresseurs à devoir séparer de leurs enfants…de l’inceste, en somme…ce à quoi j’ai répondu, « alors la, oui, si nous sommes en compétition avec des dossiers de pères incestueux… »
J’avais lu énormément de littérature médicale durant les deux premières semaines de notre enfer: quand on ne dort plus que 4h par nuit, il reste beaucoup de temps que l’on utilise à comprendre qui sont ces pédophiles sur Internet, quels désordres les constitue, comment en sont-ils arrivés à penser, par exemple, qu’un garçon de 13 ans, et un garçon de 15 ans mesurant 1m62 pour 45 kilos sont des êtres sexués, et consentants!
De toute cette littérature, il me semblait que les pères incestueux ne constituaient une menace que pour leur propre cellule familiale..mais que des énergumènes comme Emmanuel BOSSHARTH, eux étaient un danger pour tous les enfants qu’il pouvait avoir côtoyés selon les déclarations de mes fils !
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